20th June - 25th July 2009

Guyton\Walker


Guyton\Walker
Exposition Guyton\Walker, 20 juin - 25 juillet 2009, Air de Paris, Paris.

La question se pose souvent de savoir comment le tube de dentifrice contient les rayures rouges. Sans pouvoir y répondre, finalement, nous admettons qu'il doit être disposé de telle sorte que la pâte soit toujours zébrée. Ce dentifrice existe avant notre salle de bain, chronologiquement, c'est aussi un objet publicitaire, reproduit, multiplié, affiché, placardé.
Il en va de même avec les pièces de Guyton\Walker. Elles consistent en impressions (sérigraphies, impressions numériques) sur des supports de grand format allant du châssis au panneau de placoplâtre. Comme le disait le critique Vincent Pécoil des oeuvres de Wade Guyton, le terme de tableau convient mieux à celui de peinture. Ces tableaux sont posés sur des pots de peinture recouverts d'impressions dont on devine qu'elle sont semblables à celles qui les composent. Le pot de peinture devient alors support au sens propre du terme du tableau, et le tableau est le support de la peinture à son tour. Par ailleurs, les pots de peinture s'amoncellent et remplissent à leur tour les espaces d'exposition.
Il en va de même pour ces pièces de Guyton\Walker que pour notre tube de dentifrice domestique et sa médiatisation, mais sans les distances temporelles entre chacunes de ces opérations : les pots de peintures sont censés contenir les motifs imprimés dessus, et pas juste des couleurs. Les motifs sont pourtant réalisés suite à nombre d'opérations requérant des outils (scan, photoshop, photocopie, impression numérique...) et des fonctions (détourage, superposition, déplacement...). Les documents originaux scannés sont identifiables... et variés : des fruits (kiwis, bananes, noix de coco, pommes, poires...), des reproduction d'oeuvres (une sculpture de Fischli et Weiss), ou de publicités (pour des meubles danois, une compagnie d'avion suisse...). Nous imaginons comment ces images sont produites, nous ne savons pas comment elles sont contenues dans les pots, ni comment elles sont appliquées sur différents supports : des toiles, de la paraffine, et, plus récemment, du placoplâtre. Leurs oeuvres valent presque comme leurs propres publicités, tant il est question de reproduction, multiplication, affichage, placardage. C'est que, après le contenant des matières premières (le pot de peinture), le matériau de construction devient format et plus juste le support qu'il a toujours été pour construire les murs de nos habituels white cube. Ici, non, des murs sont recouverts puis le remplissent.

Guyton\Walker n'est pas l'addition de Wade Guyton et Kelley Walker, mais la création d'une troisième identité artistique et créative, que marque le slash inversé entre leurs deux noms (qui n'est ni + ni /). En 2004, à l'occasion de l'invitation qui avait été originellement lancée à Wade Guyton par le Midway Contemporary Art à St Paul, Minneapolis, ce dernier invitait Kelley Walker, qu'il connaissait de longue date pour avoir partagé avec lui un atelier. Depuis cette exposition intitulée  "XXXXX BBB XXXXXFFFFFF FFFF",  Guyton\Walker  a toujours revendiqué créer des "objets", non sans, dans son sillage, affoler les références et poncifs de l'art des 40 dernières années : pop, formalisme, appropriationnisme, techniques de reproduction, statut de l'image, question du support, du tableau, du format, de la collaboration entre artistes, et , finalement, de la peinture. La force de leurs pièces tient tant à leur puissance formelle propre qu'à leur héritage assumé de l'usage des techniques d'impression et de manipulation de l'image et du recours aux grands formats dans l'art américain (de Rauschenberg et Warhol à Guyton et Walker, séparément). Mais c'est alors d'un revers de main que toute idée de nostalgie se voit balayée (voir leur conversation avec Douglas Folge et John Rasmussen dans le catalogue The Failever of judgement publié par JRP/Ringier à l'occasion de leur première exposition), et que l'idée de consommation est évoquée non pas au sens de la société de..., mais dans le sens de la digestion pour créer de l'énergie : "Eventually the fruit needs to be eaten and essentially destroyed to become useful"(1). L'énergie, cette fois électrique passe aussi par les fruits - les noix de coco - qui composent des lustres imposants et tombant des plafonds. Cette même énergie que transmettent leurs expositions, généreuses et proliférantes, et dont le catalogue de leur exposition au MAMbo liste les matériaux à l'instar d'une recette : "20 châssis en trois formats, 2000 pots de peintures, 12 quintaux de peinture..." (2)
Peut-être alors, plus qu'au modèle du dentifrice (qui en plus pourrait créer des confusions avec l'usage du dentifrice que fait Kelley Walker avec son scanner), faudrait-il recourir à celui de la recette, comme ensemble d'opérations à partir d'un certain nombre d'éléments de base donnés. Finalement, on ne sait pas vraiment non plus comment tous ces produits aboutissent aux plats servis. Ici, les ingrédients sont : peinture, pots de peinture, châssis, placoplâtre, images, motifs, la recette et sa médiatisation elle-même.
Vincent Romagny, mai 2009

1 Fabrice Stroun (ed.), Guyton\Walker: The Failever of Judgement, Zurich, JRP/Ringier, 2005, p. 54.
2 voir guyton\walker, Skira/MAMbo, p. 57.

It's a question that crops up often: how does the toothpaste tube come to contain red stripes? We don't have an answer, but the tube must somehow be designed so that the paste always comes out striped. After all, chronologically, it dates back further than the modern bathroom; and it's an advertising entity that's been reproduced, multiplied and put on posters and signboards everywhere. 
The same goes for the work of Guyton\Walker, which consists of prints (silkscreens, digital prints) on large-format supports from canvas stretchers to sheets of plasterboard. As critic Vincent Pécoil has said of Wade Guyton, "picture" is more appropriate than "painting". These pictures are placed on cans of paint covered with prints which, you guess, are like the pictures. So the can of paint becomes a support in the sense of being a picture, and the picture in turn is the support for the paint. And what's more the cans of paint accumulate and in turn fill up the exhibition spaces.
The same is true of these Guyton\Walker works as of our tube of toothpaste and its media treatment, but without the time distances between each of the operations: the cans of paint are supposed to contain not just paint but also the images printed on them. However the images have been created via a number of operations requiring tools (scanner, Photoshop, photocopier, digital printer, etc.) and functions (outlining, overlaying, displacement, etc.). The original, scanned material is as identifiable as it is varied: fruit (kiwis, bananas, coconuts, apples, pears, etc.) and reproductions of other works (a Fischli & Weiss sculpture) or advertisements (for Danish furniture, a Swiss airline, etc.). We can imagine how these images have been produced, but we don't know how they came to be contained in the pots or how they made their way onto the various supports (canvas, paraffin and, more recently, drywall). There's so much reproduction, multiplication and signboarding going on that Guyton\Walker's works look almost like advertisements for themselves. This is because, usually, after the container of the raw materials (the can of paint), the construction material becomes not only a format but also, more accurately, the support it has always been for the construction of the walls of our white cube. Which is not the case here, where the walls are covered, then fill the cube.

Guyton\Walker is not Wade Guyton added to Kelley Walker, but a third artistic, creative identity signalled by the reverse slash between the two names. Neither + nor /, then. In 2004 Wade Guyton, invited to show at Midway Contemporary Art in St Paul/Minneapolis, extended the invitation to include his longtime acquaintance Kelley Walker, with whom he had shared a studio. Since the resultant exhibition, "XXXXX BBB XXXXXFFFFFF FFFF", Guyton\Walker has always claimed to be a creator of "objects", although not without making frantic play with the references and clichés of the art of the last forty years: Pop, Formalism, Appropriationism, reproduction techniques, the status of the image and the issues of the support, the picture, the format, collaboration between artists and, ultimately, painting itself. The strength of their works has as much to do with their formal power as with an unconcealed heritage of printing and image-manipulation techniques and of the use of large formats in American art, from Rauschenberg to Warhol to Guyton and Walker separately. And yet all suggestion of nostalgia is swept aside – see their conversation with Douglas Fogle and John Rasmussen in The Failever of Judgement (pub. JRP/Ringier), the catalogue of their first exhibition – just as the idea of consumption is suggested in terms not of the consumer society, but of digestion as a means of generating energy: "Eventually the fruit needs to be eaten and essentially destroyed to become useful"(1). Electric in this instance, this energy is also communicated by fruit – coconuts – in the form of imposing chandeliers. The same energy is transmitted by their generous, proliferating exhibitions, and the catalogue's listing of the materials for their MAMbo exhibition reads like a recipe: "20 stretchers of three different sizes, 2000 paint cans, 12 quintals of paint", etc. etc.(2) 
So rather than the toothpaste model – which could give rise to confusion with Kelley Walker's use of toothpaste in combination with his scanner – we should maybe be looking at the recipe model: a set of operations using a number of basic ingredients. And in the final analysis we don't really know, either, how these ingredients end up as dishes on the table – the ingredients being, here, paint, paint cans, stretchers, plaster sheet, images and motifs, together with the recipe and its own media treatment.
Vincent Romagny, may 2009
Trad. John Tittensor

1 Fabrice Stroun (ed.), Guyton\Walker: The Failever of Judgement, Zurich, JRP/Ringier, 2005, p. 54.
2 MAMbo: Muséo d'Arte Moderna di Bologna, p.57.

GUYTON\WALKER
Wade Guyton est né en 1972 à Hammond, USA
Kelley Walker est né en 1969 à Colombus, USA.
Ils vivent et travaillent à New York.
Guyton\Walker expose depuis 2004.

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Now: "Fare Mondi // Making Worlds" featuring Thomas Bayrle, Carsten Höller,
Philippe Parreno, Guyton\Walker...
Biennale Art - 53rd International Art Exhibition
Directed by Daniel Birnbaum.

Soon: Greene Naftali, New York -USA 30.06-08.08.09

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