Remembering is a difficult job, but somebody has to do it, 2004
4 tirages pigmentaires encadrés, 2 vidéos (super 8 transféré sur DVD 2.35 mn et DVD transféré sur DVD 4.55 mn), 3 palmiers artificiels, plastique, gravier.

Se souvenir est difficile et parfois déplaisant : lorsque l’ancien Président Bill Clinton fut interrogé sous serment sur ses relations avec Monica Lewinsky, il commençait toujours ses interventions par « je ne me rappelle pas » « je ne m’en souviens pas » ou « je n’ai aucun souvenir » des détails de ces relations.
Dans le livre « Touching the Rock: An Experience of Blindness », John Hull décrit son aveuglement imminent et la peur d’oublier ce à quoi il ressemble - ce qu’il nomme l'effroi d’être sans visage, d’oublier sa propre apparence, de n’avoir aucun visage ». Lorsque l’on devient aveugle, le monde visuel se transforme en un enchevêtrement de souvenirs dont la seule réalité est celle de celui qui se souvient.
Que deviennent les souvenirs des sons et des voix lorsque l’on devient sourd ? Est-ce que les sons disparaissent ? Est-ce qu’ils se transforment dans le processus du souvenir ? Ou bien est-ce que tous nos souvenirs ne sont que fictions ?
Grigely est atteint de surdité à l’âge de dix ans après une chute alors qu’il jouait à chat perché dans la colline avec ses camarades. Cela fait 38 ans qu’il est totalement sourd. Son installation « Remembering is a difficult job, but somebody has to do it » comprend deux vidéos et une série de photographies qui se répondent et imbriquent des éléments visuels et sonores en mêlant les souvenirs et leurs reconstructions.
Le fil directeur de l’exposition est la chanson de la série télévisée « Gilligan’s Island », diffusée durant trois saisons entre 1965 et 1968. Une photographie montre les personnages de la série. Grigely reprend la chanson avec la voix de ses souvenirs et le souvenir de sa propre voix. Finalement, la vérité n’est pas tant l’authenticité de la chanson que la sincérité de l’imagination.

Dog from Canaletto’s Riva Degli Schiavoni, 2003
fibre de verre

Joseph Grigely s’est interessé au peintre italien du XVIIIe siècle Caneletto et à ses vues de Venise. Il lui a consacré un petit livre où il confronte des détails de ses vedute à des images d’archives personnelles. Les peintures du maître sont animées de petits groupes de personnes en conversation avec ce détail marquant : un chien qui aboie à proximité. Ce chien permet d'introduire un élément sonore. Son rôle est paradoxal car il sert de lien avec le groupe de discussion tout en étant lui-même tenu à distance...

Blueberry Surprise, 2003
framed pigment print

Le texte de « Blueberry Surprise » est issu des "Conversation pieces" mis bout à bout avec des couleurs afin de différencier chaque fragment. L’assemblage de ces fragments est repris également sous forme de stickers. Dans le bureau on peut voir l’un d’eux : « I’m going to spend a lot of time on the frozen lake standing over a hole… » (2003).

Untitled Conversation (men are assholes), 2005
framed archival pigment print and lithography

Les "Conversation pieces" sont les traces écrites sur divers supports des conversations de l’artiste avec son entourage. Ces « instantanés » font apparaître des hésitations, des bégaiements, des reprises, des ellipses qui caractérisent l'usage de la langue parlée.

with AMY VOGEL
Hop Frog #1, 2005
Mixed media, cristal uréthane, corde, ampoules, système électrique

Ce chandelier réalisé en collaboration s’inspire d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe intitulée Hop Frog et reprend les petits personnages présents dans les toiles d’Amy Vogel. C’est l’histoire d’un roi et de ses sept conseillers qui aimaient cruellement rire et tyranniser le fou du roi : Hop Frog. Sommé de trouver un déguisement, Hop Frog imagine de transformer le roi et ses conseillers en orang utan, de semer la zizanie au sein de la cour. Mais la plaisanterie tourne court, le roi est pris au piège d’un chandelier…