LA SUITE
5 septembre 2009 - 13 février 2010

INTRO / 05.09.09 / 07.10.09 / 14.11.09 / 09.01.10

14.11.09

LA SUITE se densifie à force de croisements entre oeuvres, formes et sens. Elle hésite entre reset et mémoire vive.
LA SUITE devient grosse de ces sédimentations, elle n'est pas juste espace mais aussi le temps de leurs successions, parfois à rebours du fait des liens entre les oeuvres qui tracent autant de coupes dans ces épaisseurs.

11.14.09

LA SUITE is growing denser and denser as works, forms and meanings meet and cross.
Hesitating between reset and RAM, LA SUITE is becoming gravid with its sedimentations: more than just space, it is also the time frame of these successive arrivals, sometimes going against the grain when the links between the works cut deep into this ongoing accumulation.

Benoît Maire
Interrompre Jacques Lacan, 2007
En 2007, Benoît Maire faisait rejouer aux étudiants de l'école des beaux arts de Bordeaux la conférence donnée par Jacques Lacan à l'université de Louvain en octobre 1972, interrompue par un jeune situtationniste. Il interviewa cette même année l'auteur de l'interruption qui reconnaissait alors que Lacan l'avait supplanté par ses réponses. Re-enactment et évocation, deux moyens pour revenir sur un événement, le répéter, mais là où d'autres se perdraient dans la recherche de l'exactitude, Benoît Maire prend la mesure, précisément esthétique, d'une itération.
Un brillant enchâssement temporel.

Benoît Maire
Interrupting Jacques Lacan, 2007
In 2007, Benoît Maire got students at the School of Art in Bordeaux to re-enact a young Situationist's interruption of a lecture by Jacques Lacan at the University of Louvain in October 1972. For the project the artist also interviewed the Situationist in question, who admitted that Lacan had bested him with his rispostes. Re-enactment and evocation: two ways of returning to and repeating an event; but where others might have lost their way in a quest for exactness, Maire homes in on the aesthetic implications of iteration. 
A brilliant exercise in working with time
Pierre Leguillon
Affiche Diaporama Aéroport Metz Nancy, Jeudi 9 décembre 2004
Pierre Leguillon associe images, oeuvres et objets de design. Loin de répéter, il réitère des oeuvres, car il y a passage à chaque fois. La chaise du spectateur de ses diaporamas devient la Superleggera de Gio Ponti sur l'affiche de son Diaporama  de l'aéroport de Metz Nancy, ou plutôt son ombre, à l'instar des ombres de chaises qu'il réalisait pour son diaporama de la Ménagerie de Verre. Ici, les chaises sont ombres de tabouret, de chaises pour voir une vidéo, ombres d'ombre.
Le jeu de la chaise.

Pierre Leguillon
Affiche Diaporama Aéroport Metz Nancy, Jeudi 9 décembre 2004, 2004
Pierre Leguillon brings together images, earlier works and design pieces. Far from repeating, however, he reiterates: there is evolution. On the poster for his Metz-Nancy Airport Slide Show the chair he offers his Diaporama spectators becomes Gio Ponti's Superleggera – or rather its shadow, like the shadows of chairs in his Glass Menagerie slide show. Here the chairs are shadows of stools, of chairs for watching a video: shadows of shadow.

Ingrid Luche
PM, 2008
Les Balcons et Dalles de Ingrid Luche sont de subtiles extensions d'éléments architecturaux dans l'espace de l'exposition qui assument leur filiation avec les formes minimales. Non contentes de bousculer imperceptiblement l'ordre spatial (intérieur/extérieur), leur titres évoquent des séquences temporelles indéterminées, cycliques, refusant toute possibilité de localisation, que l'on serait pourtant tenté de prêter à une sculpture. Paradoxalement, elles semblent offrir un confort de l'ordre de l'abri, qu'il leur soit interne - Balcons - ou externe - Dalles.
Camouflage lumineux.

Ingrid Luche
PM, 2008
Ingrid Luche's Balconies and Slabs are subtle extensions of architectural aspects of the exhibition space that make no secret of their kinship with minimal forms. Not content with their imperceptible perturbations of the spatial order (interior/exterior), they have titles that suggest indeterminate, cyclical – and rigorously unlocatable – time sequences which, even so, you might be tempted to associate with a sculpture. Paradoxically they seem to offer a shelter-like comfort, sometimes inside (Balconies), sometimes outside (Slabs).

Lili Reynaud-Dewar
Black Mariah (The trisckter’s films & performance objects), 2009
Lili Reynaud-Dewar diffuse les images filmées de ses performances au milieu des accessoires qui ont été créés pour celles-ci. Elle crée un théâtre cérémoniel paradoxalement autonome, en dépit des références affichées par les codes vestimentaires, gestuels et mimiques des subcultures underground ou minoritaires (culture black, queer, camp, rasta, pop...). Un art de la posture, de l'accessoire et du podium et qui n'est pas sans rappeler le camp, les props et prints d'un Guy de Cointet, également au service de la production et de la circulation du sens, mais sans en circonscrite la portée, conférant à l'oeuvre un dynamisme nonchalant.
Une première oeuvre que nous avons choisie, laissera ensuite la place à une autre, sélectionnée par l'artiste.

Lili Reynaud-Dewar
Black Mariah (The trisckter’s films & performance objects), 2009
Lili Reynaud-Dewar shows films of her performances amid the props created for those performances. The outcome is a ceremonial theatre, but one that remains paradoxically autonomous despite the overt use of dress codes, gesture and mimicry from underground and minority subcultures: black, queer, camp, rasta, pop, etc. This is an art of posture, prop and podium reminiscent of the camp props and prints of a Guy de Cointet. Helping to produce and circulate meaning, but without limiting its scope, it provides the individual work with a nonchalant dynamism.
The work we initially chose will be replaced later by one selected by the artist. 

Lily van der Stokker
I Am Ugly, 2009
Les peintures murales de Lily van der Stokker nous dispensent de chercher quoi en penser : elles nous disent quoi penser, que ressentir, nous délivrent la raison profonde de leur existence. Enfin, nous n'avons plus à relire quiconque pour accéder à leur sens ultime : elles sont moches, gentilles, ou s'excusent d'être là. Repos pour les yeux et le cerveau. Apaisement du spectateur. A moins qu'elles n'agressent par leur laideur revendiquée.
Le temps de réalisation de la peinture murale participe aussi de la suite.

Lily van der Stokker
I Am Ugly, 2009
Lily van der Stokker's wall paintings spare us the worry of having to form an opinion: they tell us what to think and what to feel; of themselves they yield up their deep raison d'être. So we don't have to read stuff by anyone else to access their ultimate meaning: they're ugly, or nice, or excuse themselves for being there. Rest for the eyes and the brain. A soothing viewing experience. Unless, that is, they assail with their deliberate ugliness.

Nicolas Boulard
Tout va bien, 2007
Caisson lumineux. Unique.
On nous annonce que "tout va bien" sur fond de couleur deuil. Nicolas Boulard ne dissocie pas juste le lien entre le signifiant et le signifié, il rend inadéquat le lien du médium à son message. L'annonce joyeuse est plombée, noirceur, promesse non tenue, annonce du pire.
Souvenir de Joan Rabascall.

Nicolas Boulard
Tout va bien, 2007
"Everything's fine", we're told, against a backdrop the colour of mourning. Nicolas Boulard doesn't just sever the connection between signifier and signified, he also sabotages the link between the medium and its message. The joyful title is in reality funereal and tenebrous: an unkept promise, a declaration of disaster.

Liam Gillick
Everything good goes, 2008
Video HD 14.52 min, en boucle. Edition 3.
Un long travelling sur un bureau et un ordinateur sur l'écran duquel apparaît une maquette 3D de l'usine Salumi du film Tout va bien de Godard  et un monologue délivré par un répondeur : Liam Gillick transpose le dispositif du film de Godard, qui superposait production du film et analyse des conditions de production d'une usine. L'analyse porte maintenant sur les conditions actuelles du travail et met ainsi en perspective les illusions passées et perverties de modèles de production - tout en modélisant l'usine première.
Une charge d'actualité.

Liam Gillick
Everything Good Goes, 2008
Video 14.52 min, looped. Ediiton 3.
A long tracking shot over a desk, a computer screen showing a 3D model of the sausage factory from Godard's Tout va bien, and a monologue delivered by an answering machine: here Liam Gillick transposes the structure of the original, which overlaid production of the film on an analysis of production conditions in a factory. Focusing on today's work context, Gillick puts into perspective the past's perverted illusions regarding production models – while modelling the initial factory.
Shot through with contemporary relevance.

et toujours :
M/M (Paris)

Just like an ant walking on the edge of the visible (détail, réarrangé par la suite), 2009
Partie pour le tout, les lettres-tabourets L, A, S, U, I, T, E, sont extraits de la phrase Just like an ant walking on the edge of the visible, Chez le duo de graphistes M/M (Paris), les signes s'affranchissent des limites de la page pour se déployer dans l'espace. Ils cumulent alors l'écriture qui trace la lettre (la pointe qui écrit est le motif sérigraphié sur l'assise des tabourets), la lettre écrite (qui sert de pieds aux tabourets) et la possibilité de réaliser le geste qui les trace : les tabourets ont servi initialement à accueillir les participants d'un workshop de dessin donné par les artistes au Drawing Center qui les exposait.
Des stations de lectures.

and still :
M/M (Paris)

Just like an ant walking on the edge of the visible (detail, rearranged by la suite), 2009
With no effort spared, the stool-letters L, A, S, U, I, T, E, have been lifted from the phrase Just like an ant walking on the edge of the visible. In the work of graphic artists M/M (Paris), the characters break through the boundaries of the page and out into the surrounding space. Thus they accumulate the writing that traces the letter (the scriber being the silkscreened motif on the seats of the stools), the written letter (which functions as legs for the stools) and the possibility of performing the gesture that traces them: the stools were originally used by participants in a drawing workshop run by the artists at the Drawing Center where they were showing.
Reading stations.

Moriceau & Mrzyk
Ephéméride, 2008
Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau n'ont pas une idée par dessin, mais au moins quatre. Le dessin n'a jamais tant mérité sa définition classique de pratique mentale. A l'origine de cette dernière série de dessins, celle de revisiter le topos éculé du dessin comme pratique quotidienne en réalisant un éphéméride pour l'année 2009. Soit au moins 365 x 4 idées.
Grâce à eux, l'exposition change tous les jours...

Moriceau & Mrzyk
Ephéméride/Tear-off Calendar, 2008
Petra Mrzyk and Jean-François Moriceau don't have one idea per drawing – they have at least four. Drawing has never been so deserving of its classical definition as mental activity. The origin of this most recent series is a return to the hackneyed topos of drawing as a daily practice via a tear-off calendar for the year 2009. A least 365 x 4 ideas, then.
Thanks to them the exhibition changes every day.

À suivre.

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To be continued.

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