Philippe Parreno

Le cri ultra-sonic de l'écureuil


27 janvier - 10 mars 2007



Air de Paris a le plaisir de présenter une exposition personnelle de Philippe Parreno comprenant les photographies tirées de sa performance avec un ventriloque, des cartels lumineux, et l'installation Stories are Propaganda réalisée en collaboration avec Rirkrit Tiravanija . Ces oeuvres indexent un langage proche du rêve et des mises en formes qui renvoient au monde du spectacle et à sa magie. En place d'une exposition à Air de Paris, vous avez peut-être assisté le 18 septembre dernier à la performance de Philippe Parreno Le cri ultrasonic de l'écureuil . Le Studio 28, décoré par Jean Cocteau, accueillait pendant une heure l'« exposition » de Parreno avec le ventriloque Ronn Lucas. Après avoir effectué quelques tours, ce dernier l'interrogeait sur la raison de leur rencontre, l'échange était propice à une séquence « rétro-projective », où Parreno choisissait de lire deux de ses textes : The Underground Man et Alien Seasons ... Les voix des deux protagonistes se mélangeaient de manière troublante. La performance mettait en scène leur rencontre et surtout la façon dont prend forme une collaboration en posant la question de « qui parle ? ». Cet événement était conçu comme une situation d'atelier, une expérience qui finirait par donner quelque chose... Si Parreno a choisi la photographie de plateau, c'est qu'elle met le mieux à distance l'événement en exposant le silence, le public et le dispositif scénique. Dans la salle de gauche, un cartel clignotant représente les deux protagonistes en gros plan, ils lisent The Underground Man, texte également reproduit sur un autre cartel. La lecture de l'image et celle du texte sont soumises à des rythmes lumineux différents qui stimulent le travail de mémoire et donnent au spectateur la possibilité d'y projeter ses propres histoires. Précédemment exposé à la biennale de Lyon en 2005, Stories are Propaganda est un film réalisé en collaboration avec Rirkrit Tiravanija. Les images ont été tournées à Guangzhou , la zone la plus urbanisée de Chine. Les images reflètent leur errance et leurs pensées déterminant ainsi l'humeur à la fois étrange et mélancolique du film. « Ceci est un voyage dans un paysage urbain infini. Une série de signaux mettant en scène les fragments d'un monde parallèle, une impression de périphérie. [...] Une information qui s'illumine une fois, puis disparaît. » Comme dans Fade to Black , le temps de lecture est limité, l'image disparaît en faisant place à la suivante. Le film est composé de plans fixes - un spectacle télévisé, un lapin albinos, un bonhomme de neige en sable... - et le son est celui d'une voix d'enfant se remémorant le bon vieux temps, celui « avant la globalisation du cappuccino, du sushi et de la rucola / Quand une personne sur deux n'était pas un héros / Avant que la musique ne soit que la bande-son de nos existences... » Pour l'installation, les codes désuets du cinéma (un rideau de velours rouge, une ouverture de rideau manuelle) sont immédiatement contredits par le titre directement tagué à la surface du rideau. À la fin du film, le rideau est tiré, le spectateur peut ensuite repartir la tête emplie d'images, d'histoires et de souvenirs.


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Philippe Parreno

The Ultrasonic Scream of the Squirrel

27 January - 10 March 2007




Air de Paris is pleased to be presenting a solo exhibition by Philippe Parreno that includes the photographs of his performance with a ventriloquist, luminous labels and the Stories are Propaganda installation created with Rirkrit Tiravanija. These works index a language close to that of dreams, together with forms drawn from world of entertainment and its magic. On 18 September last, in place of an exhibition at Air de Paris, you may have been present at Parreno's The ultrasonic scream of the squirrel. For an hour Studio 28, with its Jean Cocteau décor, was host to Parreno's "exhibition" with ventriloquist Ronn Lucas. After showing his skills, Lucas questioned the artist about what had brought them together. The exchange led to a "retroprojective" sequence for which Parreno chose to read two of his texts, The Underground Man and Alien Seasons. The performers' voices mingled disturbingly as the performance provided a staging of their meeting and, notably, of the form a joint work takes in raising the question "who's speaking?" This event was conceived as a studio situation, an experiment out of which something would ultimately emerge. Parreno opted for still photography as the best way of distancing an event by pointing up the silence, the audience and the staging. In the room on the left a flashing label showed the two performers in close-up as they read The Underground Man, while the text appeared on another label. The reading of the image and the reading of the text are subjected to different light rhythms that stimulate the memory process and give the viewer the chance to project his own stories into the work. Already shown at the Lyon Biennale in 2005, Stories are Propaganda is a film made with Rirkrit Tiravanija. It was shot in Guangzhou, China's most urbanised area, and its images conveying their wanderings and their thoughts sets the film's strangely melancholic tone. "This is a journey through an infinite urban landscape. A series of banners setting up fragments of a parallel world, a feeling of suburbia. [...] Information's that glows before fading away." As in Fade to Black, the reading time is limited, each image being quickly replaced by the following one. The film is made up of stills - a TV show, an albino rabbit, a snowman made of sand... - and the sound is the voice of a child recalling the good old days, "Before cappuccino and sushi and ruccola went global / When every second person was not a hero / Before music became our soundtrack..." In the installation the dated codes of the cinema - a manually operated red velvet curtain - are immediately contradicted by the title, a graffito sprayed directly onto the curtain. At the end of the film the curtain is drawn and the viewer can leave with a head full of images, stories and memories.