un beau cheval arabe
tout à coup apparaît
Et ce cheval est nu sans selle ni harnais
et sa croupe reluit comme un parquet ciré
Et chaque passant s’arrête
un instant
et regarde cette croupe
fasciné
Et l’homme pense à la femme
et la femme pense à l’homme
rêvant chacun de son côté
à la beauté d’un monde aujourd’hui disparu
d’un monde acceptable
simple brutal
et nu
Le cheval comme ce monde un instant évoqué
à son tour disparaît

Extrait du poème de Jacques Prévert « Brassaï » 1946